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Jean-Félix Adolphe Gambart

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Astronome né à Sète le 12 mai 1800, mort à Paris le 23 juillet 1836. Son intelligence fut très tôt remarquée par l’astronome Alexis Bouvard, qui le prend avec lui à l’Observatoire de Paris à 14 ans.

 

Durant sa courte carrière il fit un grand nombre d’observations d’éclipses des satellites de Jupiter et découvre 13 comètes entre 1822 et 1833 dont il calcule l’orbite (il est sans rival pour ces calculs). En 1832, il observa la déformation de Mercure lors de son passage devant le Soleil.

 

La prestigieuse médaille de Lalande de l’Académie des Sciences lui fut décernée à 4 reprises. Il reçut la médaille de la Société Astronomique de Londres, et en 1935, l’Union Astronomique Internationale nomme Gambart un cratère lunaire.

 

Il est mort prématurément de tuberculose, après avoir fui le choléra qui avait frappé sa famille. Génie autodidacte, il reste à ce jour l’un des plus grands découvreurs de comètes, pas moins de 37 au cours de sa carrière dont une est repassée au-dessus de Sète en 2016. La ville a donné son nom à une rue en 1892.

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BULLETIN SCIENTIFIQUE

Astronomie

Notice nécrologique sur M. Gambart, directeur de l’Observatoire de Marseille.

 

Désirant rendre en peu de mots, dans ce bulletin, un juste hommage à la mémoire d’un astronome distingué avec lequel j’étais en relation d’amitié, et dont la mort prématurée me cause les plus vifs regrets, je ne crois pas pouvoir mieux le faire, qu’en reproduisant ici la plus grande partie de la notice succincte sur sa vie et ses travaux, publiée par M. Arago dans le Compte-rendu des séances de l’Académie des Sciences de Paris du 25 juillet (n° 4 du 2me semestre de 1836) :

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« Jean-Félix-Adolphe Gambart naquit à Cette (département de l’Hérault) en mai 1800. Son père, professeur de navigation dans ce petit port de mer, avait eu, à peine âgé de 13 ans, le bras gauche emporté par un boulet de canon, dans un des glorieux combats qui illustrèrent le Bailli de Suffren. Le jeune Adolphe n’en fut pas moins destiné au service de la marine. La restauration le trouva, en 1814, sur l’escadre d’Anvers. Après le licenciement des équipages de nos vaisseaux, Gambart rejoignit son père au Hâvre. C’est là que dans son zèle hardent pour l’avancement des sciences, M. Bouvard sut deviner ce qu’elles étaient en droit d’attendre d’une intelligence d’enfant peu commune, mais qu’aucune culture n’avait encore développée. Dès ce moment, notre confrère traita le jeune Gambart comme son propre fils ; il l’appela à Paris, lui donna la table, le logement, et, ce qui était d’un prix estimable, il l’initia jour et nuit aux calculs et aux observations astronomiques. Au bout de deux ans, M. Gambart était déjà un astronome consommé. En 1819, le Bureau des Longitudes l’envoya à l’Observatoire de Marseille avec le titre d’astronome adjoint. Quatre ans après, il fut nommé directeur du même établissement.

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« Plein de confiance dans le zèle et le savoir de M. Gambart, le Bureau des Longitudes ajouta à l’ancienne collection de cet Observatoire une lunette méridienne de Gambey, un cercle répétiteur du même artiste, une machine parallactique de Belet, une lunette achromatique de Lerebours, et tous les appareils désirables pour mesurer le temps. C’est avec ces puissants moyens que le nouveau directeur a pu faire les nombreuses et excellentes observations d’occultations d’étoiles ou d’éclipses de satellites de Jupiter, qui ont été imprimées dans la Connaissance des temps, ou qui sont conservées aux archives de Bureau des Longitudes.

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« La beauté du ciel méridional, les yeux pénétrants de M. Pons, et surtout son zèle infatigable, avaient donné à l’Observatoire de Marseille une réputation européenne. M. Gambart comprit qu’il ne devait pas, même sous le point de vue spécial de la découverte des comètes, laisser déchoir l’établissement qui lui était confié. Lui aussi s’occupa donc de la recherche de ces astres problématiques, dont aucun indice ne peut, en général, faire soupçonner l’apparition à l’avance, et qui, par l’excessive faiblesse de leur lumière, font souvent le désespoir des astronomes. Les efforts de M. Gambart dans cette branche si intéressante de la science furent couronnés d’un tel succès, que de 1822 à 1834, il découvrit 13 comètes, dont deux en 1822 et 1824, quatre en 1826, et dans chacune des années 1825, 27, 30, 32 et 34. Ces intéressantes découvertes ont été récompensées à plusieurs reprises par la médaille de Lalande que l’Académie des Sciences décerne, par la médaille de la Société Astronomique de Londres, et par celle dont la fondation récente est due au roi du Danemark.

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« Quand il avait trouvé une comète, M. Gambart, quelles que fussent alors ses souffrances, ne se reposait sur personne du soin d’en étudier et d’en calculer la marche. Aussi le catalogue de ses découvertes est-il en même temps celui des orbites elliptiques ou paraboliques dont l’astronomie lui est redevable. Une grande facilité naturelle et l’habitude l’avaient amené à faire en quelques heures des calculs compliqués, qui jadis eussent exigé plusieurs journées. Il était surtout devenu habile à reconnaître, sur un premier coup d’œil, si, pendant son apparition, tel ou tel astre se trouverait dans une de ces circonstances spéciales où les problèmes de position et de constitution physique se résolvent sans effort. C ‘est ainsi, par exemple, que sur la simple inspection des éléments de la comète découverte le 28 octobre 1826, il soupçonna qu’elle s’interposerait entre la terre et le soleil. Les observations minutieuses qu’il recueillit sur la comète du 6 janvier 1824, sur l’époque de la formation d’une seconde queue de cet astre, laquelle parut constamment tournée du côté du soleil, sur les légers changements de position que cette queue anormale éprouva relativement à la queue ordinaire, sur la loi de son affaiblissement, sur le temps de son entière disparition, doivent être précieusement conservées dans les archives de l’astronomie. Toutefois, c’est dans les recherches de M. Gambart sur la troisième des comètes périodiques connues, sur celle dont la révolution entière s’opère en 6 ans 3/4, que nous trouverons le principal titre de cet astronome à la reconnaissance du monde savant. » (M. Arago entre ici dans une discussion détaillée, d’où il résulte que si M. de Biela a aperçu cette comète 19 jours avant avant M. gambart, c’est à celui-ci qu’on doit d’avoir le premier calculé les éléments de son orbite et constaté son mouvement à courte période, en sorte que cet astre doit porter son nom, au même titre que celui de M. Encke a été donné à la comète découverte par Pons, et dont la révolution en de 3 ans un tiers.)

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« M. Gambart était né avec une complexion délicate, qui fut encore très affaiblie par une croissance hâtive et extraordinaire. Les médecins avaient espéré que le soleil bienfaisant du midi lui rendrait quelque vigueur ; vaines illusions ! De vives attaques d’hémoptysie menaçaient sans cesse sa vie et interrompaient ses importants travaux. M. Gambart ne fut pas atteint personnellement pendant les deux invasions du choléra, dont la population de Marseille eut tant à souffrir ; mais une nombreuse famille qui leur était tendrement dévouée, qu’il avait logée dans les bâtiments de l’Observatoire, dont il avait fait sa propre famille, fut cruellement frappée. M. Gambart n’eut pas le courage de supporter la solitude que le fléau avait créée autour de lui, et il accourut à Paris chercher auprès de M. Bouvard les consolations d’une ancienne et constante amitié. À la fin de l’hiver dernier, il se décida cependant à retourner  son poste ; mais il avait trop présumé de ses forces : le séjour de son Observatoire lui était devenu odieux, il ne put l’endurer que pendant quelques heures, et, sans tenir compte d’aucune fatigue, il revint à Paris, à notre très grande surprise, avec la malle-poste qui l’avait transporté à Marseille. Il revint, hélas ! pour s’aliter, souffrir cruellement et s’éteindre, dans cette même chambre où, dix-huit ans auparavant, il été entré avec tant de bonheur et d’espoir !

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« M. Gambart est mort, le 23 juillet 1836, de l’affreuse maladie (la phtisie pulmonaire) qui, en peu d’années, avait déjà enlevé aux sciences et à la gloire nationale, Malus, Petit, Fresnel. Après avoir cité ici de pareils noms, tou ce que j’ajouterais ne serait plus que l’expression très affaiblie de la haute opinion que j’avais conçue de la perspicacité de notre jeune correspondant, et des services qu’il aurait pu rendre à l’astronomie. »

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